10 mars 2008

Mémoire


Bon, ça c’est tout moi.

Je note des trucs sur un bout de papier, par peur de les oublier. Pourtant, arrivée au moment donné, j’oublie.

La boulette.

Et pourtant, je pourrais ne pas les noter, ces choses inoubliables. Et aider ainsi à la sauvegarde des arbres d’Amazonie. Et frimer en public en disant, poings sur les hanches et regard presque courroucé : « quoi, toi tu gâches encore du papier ? Pas besoin, moi, j’ai tout dans la tête ».

Mais on dirait qu’il me faut toujours une petite preuve matérielle que je mets toutes les chances de mon côté. Comme si je me préparais une excuse par anticipation.

Prendre un air innocent et dire, en croyant fort à chaque syllabe qui s’échappe de sa bouche :
- Tu vois, je ne comprends pas. Pourtant, je l’avais noté.

Bref.

J’en viens à me demander, à force, si le simple fait de les noter ne les efface pas de ma mémoire en même temps. Comme si une pensée ne pouvait être à deux endroits en même temps. Dans un petit bout de ma tête, ou sur un petit bout de papier.

Alors aujourd’hui je dois un mea culpa à une amie chère à qui la journée de la Femme vole honteusement la vedette depuis quelques années. Certes, elle est utile, cette journée. A nous rappeler qu’on doit se battre plus que nos forts et fiers collègues masculins pour briguer des postes intéressants, et qu’il existe encore des prières où est dit « Je vous remercie, mon Dieu, de ne pas m'avoir fait femme. »

Bon, ce n’est pas pour autant qu’on irait brûler nos soutiens-gorges - ça va pas la tête, vous savez combien ça coûte, une parure Aubade ?

Je m’égare.

C’est normal. Il n’est pas facile de justifier le fait d’avoir oublié la date d’anniversaire d'une amie.

Alors, je me fais toute petite et, sur la pointe des pieds, je m’efface pour aujourd’hui.

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